La bible de la bande dessinée, entre bulles et dessins

bandes dessinées

Le 9e art connaît depuis quelques années un énième rebondissement. Les ventes battent des records, le marché est en perpétuelle croissance et les meilleurs critiques disent que la bande dessinée vît un nouvel âge d’or. En France, c’est quinze nouveaux titres qui sortent chaque jour pour plus de 5500 nouvelles bandes dessinées par an ! Jamais les rayons BD des librairies n’avaient étés aussi bien fournis.

Tout le monde a déjà lu une BD, que ce soit dans votre enfance, votre adolescence ou à l’âge adulte dans les journaux. Mais connaissez-vous son histoire, aussi passionnante que mouvementée ? Connaissez-vous ses origines et son évolution au fil des décennies ? Vous trouverez ici tous ce que l’histoire de la BD a de plus intéressant à vous raconter, de sa création à ces plus grands maîtres. Ne bougez pas, c’est par ici que ça se passe !

Les origines de la bande dessinée

Beaucoup de personnes disent que les origines remontent à la préhistoire, lorsque nos ancêtres peignaient sur les murs des grottes des dessins racontant leurs histoires quotidiennes. Mais afin de pouvoir s’entendre sur l’origine, il faut tout d’abord connaître la définition de la bande dessinée. Ce genre littéraire est un enchaînement successif de dessins, organisés en plusieurs séquences narratives, généralement accompagné de texte, de parole ou d’onomatopée. On comprendra donc qu’il manque quelques petits détails pour que Lascaux soit considérée comme un vestige de la bande dessinée préhistorique.

En réalité, ses origines, pour mettre tout le monde d’accord et éviter tous conflits, car sa véritable origine diffère parfois selon les points de vue et les nationalités, datent approximativement du XIXe siècle.

D’un point de vue européen, c’est un écrivain et politicien suisse du nom de Rodolphe Töpffer qui est à l’origine de la conception de la bande dessinée grâce à ses dessins « Histoire de Monsieur Jabot » qu’il réalise en 1831 et qui seront publiés pour la première fois en 1833. À ce moment-là, les dessins sont disposés sous forme de bandes et composés de petites cases de tailles différentes, chacune accompagnée d’un texte court, mais pas encore dans des bulles.

Même si les premiers mangas avaient déjà fait leur apparition au Japon quelques années plus tôt et que ce n’est pas encore tout à fait ce que l’on connaît de la bande dessinée, c’est cette date qui est le plus souvent retenue par les chercheurs et spécialistes internationaux.

Aussi, il faudra attendre 1896 et la parution de « Yellow Kid » par l’auteur Richard Felton Outcault, publié dans le journal américain New York World pour connaître pour la première fois une « véritable bande dessinée » avec le découpage des images et les petites bulles de dialogues.

L’évolution en quelques dates clés

Au XXe siècle, la bande dessinée a évoluée de manière différente selon les continents. Du côté européen, elle s’adressera à un public jeune et sera plus portée sur le terrain de l’enfance avec, par exemple, la sortie de Bécassine en 1905 ou de Tintin en 1929. Pour la petite histoire, son père que tout le monde connaît comme Hergé, s’appelle George Rémi, pour choisir son pseudo il a tout simplement pris les initiales et les a inversés, ce qui donne phonétiquement Hergé. Mais revenons à nos moutons. Ces BD vont marquer le style narratif et graphique de la BD européenne. Pour les Américains, au contraire, les bandes dessinées appelées « comics strips », comme Little Nemo, sont plus destinées à un public adulte, elles sont très axées sur l’humour satirique, se moquent de la bourgeoisie et paraissent généralement dans les journaux. S’en suit le véritable âge d’or de la bande dessinée américaine avec d’énormes succès comme Mickey, qui sort du petit écran à partir de 1930, ou des superhéros comme Superman et Batman peu avant la Seconde Guerre.

L’après-guerre va tout bouleverser et les auteurs européens vont connaître une époque d’euphorie de la bande dessinée, les lecteurs feront la connaissance de ceux qui sont aujourd’hui des grands classiques comme le fameux Spirou, les Gaulois Astérix et Obélix, les petits Schtroumpfs, Lucky Luke, et tant d’autres. D’ailleurs, en parlant de Lucky Luke, avant que Goscinny ne l’invente, l’expression « Tirer plus vite que son ombre » n’existait pas et elle fait pourtant aujourd’hui partie de la langue française, merci les BD ! Quoi qu’il en soit, viennent ensuite les années 1980 et l’explosion des mangas dans le monde entier, et un engouement de plus en plus grand pour la bande dessinée, peu importe le continent d’où elle vient.

La culture bande dessinée

La bande dessinée est un monde à part, tellement populaire et extraordinaire que l’on peut aisément parler de culture de la bande dessinée.

Les produits bande dessinée

Sans parler des innombrables produits dérivés inspirés des bandes dessinées les plus connues, comme les posters et les figurines par exemple, certains héros et personnages sont utilisés pour des articles « avec licence » comme les fournitures scolaires, telles que les sacs à dos, stylos ou encore cahiers, mais aussi les vêtements et bien d’autres.

Les institutions bande dessinée

En effet, la bande dessinée étant désormais considérée comme un art à part entière, les auteurs, au même titre que les plus grands peintres ou sculpteurs, peuvent eux aussi exposer, à la manière d’Enki Bilal qui a exposé en 2013 au Louvre.

La culture de la bande dessinée a aussi permis d’ouvrir de nombreux musées, bibliothèques ou autres institutions spécialisées à travers le monde. Parmi les plus connus, on retrouve le Centre Belge de la Bande Dessinée, le Musée International du Manga au Japon, ou encore le National Cartoon Museum aux États-Unis.

Quand le 9ème et le 7ème art se rencontrent

La bande dessinée et le cinéma, en plus d’être nés en même temps, ont de nombreux points communs : la narration, les différents plans et les séquences. Alors, comment parler de la culture de la bande dessinée sans parler de la multitude de films qui ont étés adaptés à partir de BD ! Tout d’abord les géants américains comme Batman ou Superman en 1943 et 1948, puis tous les Marvel. En France, un peu plus tard, ce sont les Schtroumpfs qui apparaîtront en premier dans les salles obscures à partir de 1965 et s’en suivront des films aujourd’hui culte comme Astérix et Obélix en 1999, Iznogoud en 2005 et beaucoup, beaucoup d’autres… Le pays du soleil levant et les mangas ne sont pas en reste, avec l’adaptation de Nausicaä de la Vallée du Vent en 1984 ou Akina en 1988, notamment.

Les grands Maîtres de la bande dessinée

Jean Giraud

Alias Moebius ou encore Gir, il était un artiste, dessinateur et créateur de BD fantastiques français. Il s’est d’abord fait connaître dès 1963 dans le style western classique grâce aux aventures du lieutenant Blueberry, qui ont étés suivies durant de très longues années par plusieurs milliers de lecteurs. Il se lancera ensuite dans la science-fiction et mettra au point des univers graphiques bien plus qu’exubérants comme Arzach ou Le garage hermétique. Toutes ces œuvres lui ont valu une reconnaissance internationale chez les amateurs européens, américains et même japonais.

Georges Rémi

Allias Hergé, mais doit-on vraiment encore présenter l’auteur belge ? Papa du jeune reporter Tintin et de son petit chien Milou apparu pour la première fois en 1929, il a écrit une BD considérée à l’heure actuelle comme l’une des plus populaires de sa décennie. Artiste engagé, il fera passer ses idées politiques ou géopolitiques à travers ses œuvres. Il fonde en 1946 le journal « Tintin », où seront publiées les aventures du reporter et qui permettra aussi de faire connaître de nombreux autres artistes.

Ugo Eugenio Prat

Alias Hugo Pratt, il était un grand auteur de bande dessinée d’origine italienne qui s’est surtout fait connaître grâce à son œuvre Corto Maltese, qui retrace les aventures d’un marin et aventurier, apparut pour la première fois en 1967. Il est considéré comme un des plus grands maîtres de la bande dessinée. Passionné de voyage, il a parcouru le monde, de l’Afrique à l’Amérique de Sud en passant par les États-Unis. Aussi, de nombreux périodiques internationaux feront appel à lui.

Osamu Tezuka

D’origine japonaise, Tezuka était un mangaka, mais également producteur, animateur et scénariste. Il est considéré comme le père du manga et de nombreux surnoms lui ont été attribués comme « Hergé japonais » ou « dieu du manga ». Il a écrit plus de 700 œuvres au cours de sa vie, avec plus de 170 000 pages dessinées. D’ailleurs, parmi les plus reconnues, on retrouve Astro le petit Robot, Le Roi Léo ou Princesse Saphir. Le style Tezuka était expressif et généreux, avec des traits clairs et presque caricaturaux.

Art Spiegelman

Né en Suède, il est un auteur et illustrateur de renom, ainsi qu’une grande figure de la bande dessinée américaine, au style très underground. Il a gagné une reconnaissance internationale grâce à son ouvrage intitulé Maus, publié pour la première fois en 1986. Il s’agit d’une œuvre basée sur le récit biographique de son père, juif polonais rescapé des camps, et qui retrace l’histoire de sa famille durant la Shoah, la persécution et l’extermination des juifs en Pologne entre les années 1930 et 1940. La bande dessinée attirera l’attention du public comme jamais une BD l’avait fait auparavant, et elle va même être le sujet d’une exposition au musée d’art moderne de New York.